De Vienne à Wolbrom
« Les pneus des connaisseurs » c'était le slogan publicitaire d'avant la guerre de ce fabricant de pneumatiques. Il y avait certains spécialistes qui trouvaient que les pneus Sanok étaient aussi performants que les modèles des fabricants étrangers. De plus, Sanok proposait une garantit de 12 mois ce qui rendait l'entreprise d'autant plus authentique. Le recyclage de la gomme était une autre solution innovatrice – Sanok réutilisait le caoutchouc régénéré pour la production des pneumatiques mais aussi des freins ou autres éléments industriels. C'est un Autrichien qui était la force motrice de cet entreprise. Son nom était Oskar Schmidt.
Sanok se trouve dans le nord-est de la Pologne.
Il était docteur en chimie, un entreprenneur et l'homme qui, longtemps après ses études, cherchaient sa place pour fonder son propre business. Il est né en 1902 à Vienne, il a commencé son éducation en Autriche, où il n'est pas resté très longtemps . Il voyagait à travers l'Europe pour finalement arriver à Wolbrom où on lui a offert un travail dans l'industrie chimique locale. De plus, c'est là bas qu'il a rencontré sa future femme Maria, ce qu'il a d'autant plus attaché à la Pologne. Pour les curieux on rajoutera que Monsieur et Madame Shmidt ont eu un nombre impressionnant de dix enfants.
L'usine de pneumatiques en plein champ
Oskar Shmidt s'est retrouvé à Sanok lorsqu'il a su que c'est là bas qu'il allait avoir de nouveaux investissements qui donneraient du travail à la population locale et qui s'inscriraient parfaitement dans le plan d'État pour la construction de La Région Industrielle Centrale. L'État soutenait ce projet dans le sens où il proposait des réductions d'impôts et d'autres stimulants fiscaux jusqu'à 15 ans. Shmidt a ouvert son entreprise avec son frère Karol, et le capital investit dedans venait de France et de Suisse. En 1932, donc 7 ans après l'ouverture de l'Usine de pneumatiques à Debica (Pologne), il a commencé la construction de deux usines : Polska Spolka dla Przemyslu Gumowego (traduction : L'Entreprise Polonaise de l'Industrie des Gommes) et Sanocka Fabryka Akumulatorow (traduction : Fabrique de Batteries à Sanok).
Schmidt savait comment travailler à grande échelle – encore en 1932 il a embauché 5 employés administratifs et 15 ouvriers. Trois ans plus tard, lorsque les premiers modèles de pneumatiques de la marque Sanok sont arrivés sur le marché – le nombre d'employés s'élevait à 1200. En 1939 il embauchait 2000 personnes. Il recrutait les spécialistes des autres centres d'industries de la gomme et de la chimie en Pologne, pour suivre les projets les plus importants D'autre part, Schmidt voulait à la base activer une grande partie de la population locale et a considérablement diminuer le chômage, ce qu'il a réussi avec succès. Il a embauché des femmes, souvent habitants dans les campagnes et qui n'avaient pas de possibilités d'excercer un autre travail que le travail domestique.
L'usine à Sanok était un acteur important dans le développement industriel dans la région.
Du côté social, d'une part Schmidt était vu comme un homme d'affaires sévère (les employés se plaignait des petits salaires, du travail après heures, de différence entre les salaires des femmes et des hommes), et d'autre part comme un capitaliste humain. Près de l'usine il y a eu une crèche, on des formations de nounous et de couture étaient organisées, les employés recevaient tous une assurance vie, on les emmenait en vacances et chaque semaine on organisait une activité (par exemple une soirée dansante dans la salle de repos de l'usine).
Le Super Cord de Sanok
Dans le contexte actuel il est difficile d'imaginer un impact social d'un tel investissement sur une pauvre région agricole avec un niveau d'industrialisation pratiquement nul. En 1939, juste avant la guerre, la valeur de l'usine de Sanok était évalué à 700 mille dollars, ce qui signifiait une belle somme à l'époque. On y produisait un large assortiments en gomme , par exemples : les élèments des masques à gaz, les chambres à air, les ceintures, les talons et semelles, les courroies de transmissions, les tuyeaux d'incendies et des fils de nylon pour ballons. C'est ce dernier qui a interressé le professeur August Piccard au milieux des année 30. Schmidt lui a offert cette fibre et en 1936 est né un ballon appelé Sanok. Un des produits phares de Sanak était bien évidemment le pneu. L'usine de Schmidt a commencé par la production des chambres à air pour vélo, mais a réussi à sortir des pneus de voitures encore avant la deuxième guerre mondiale. Les noms des différents modèles étaient prêt pour une carrière internationale : Sanok Super Cord, Sanok Extra Super Cord, Sanok Alfa Cord ou Sanok Start Extra Prima. Si la guerre n'avait pas détruit la Pologne, l'entreprise de Shmidt serai une puissance sur la scène européenne.
Une vue panoramique de Dantzig.
L'Autrichien ne manquait pas d'idées, à la fin des année 1930 il a achété une licence pour la mousse synthètique, une matière de structure poreuse venue d'Angleterre, utilisée dans la garnitures des sièges de trains et d'automobiles. Grâce aux contacts et son goût pour les affaires il a réussi à avoir le droit exclusif de la vente de la mousse synthètique en Pologne et dans la cité-État de la Ville libre de Dantzig. Le développement du secteur automobile devait être un stimulant pour le fabricant. Mais en septembre 1939 toutes les machines et les ressources étaient confisquées par les soldats allemands pour les incorporer dans le Reich, une partie était également déplacée à Cracovie et Wolbrom. Les usines sont devenues un entrepôt et une école des sous-officiers. Schmidt était renvoyé de sa propre entreprise, alors il s'est s'occupé de son foyer à Besko et da sa brasserie à Zarszyn durant toute la durée de la guerre.
Durant l'occupation il aidait les Polonais en embauchants des personnes recherchées par les Allemands, passait la nourriture aux prisonniers des camps et cachait les soldats AK et les Juifs (AK en français : « l'armée de l'intérieur » qui était le plus important mouvent de résistance en Pologne sous l'occupation allemande). Après 1945 il a longtemps essayé de regagner l'usine à Sanok et faisait appel aux autorités locales pour avoir l'accord de renouveler la production. Il expliquait qu'il suffisait de récupérer les machines exportées par les nazis des usines de Semperit à Cracovie.
Le retour à Vienne
Les autorités communistes n'avaient pas l'intention d'écouter l'Autrichien, même si depuis 1934 il avait la nationalité polonaise. En 1950 son entreprise a été renommé Zaklady Przemyslu Gumowego Stomil (en français l'Entreprise de l'Industrie de la Gomme Stomil à Sanok), et après la nationalisation elle est devenue la propriété de l'État. En 1949 Schmidt est retourné à Vienne avec ses frères pour ouvrir l'entreprise Polyair. En 1973, 3 ans avant sa mort (il est mort en 1976 à l'âge de 74 ans), il a présenté les pneus runflat, une véritable innovation sur le marché des pneumatiques.
Une vue panoramique de Vienne.
Polyair fonctionne jusqu'aujourdh'hui et prime dans la production des coussins pneumatiques pour camions. Nous pouvons seulement se demander où serait aujourd'hui le fabricant de pneumatiques Sanok, si Oskar Schmidt avait réalisé ne serait-ce que la moitié de ces plans.